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mercredi 21 mai 2008

Rétroviseur : le tabac

Le triage du tabac en hiver

Dans les années d’après guerre, la vente du tabac était pratiquement la seule source d’argent pour les exploitations agricoles de la Drôme des collines. Le blé était échangé contre du pain, les autres céréales servaient à l’alimentation des animaux et les animaux de basse cour étaient vendus au coquetier itinérant qui fournissait l’épicerie.
La culture du tabac était très règlementée et les planteurs étaient sans cesse en butte contre les tracasseries des inspecteurs de la SEITA (Société d’Exploitation Industrielle des Tabacs et Allumettes). Beaucoup étaient issus de l’armée et usaient et abusaient de leurs pouvoirs sur les paysans.
La graine était fournie par la SEITA, mais beaucoup de planteurs plantaient un pied de tabac dans un coin isolé de l’exploitation pour avoir un petit supplément de graines et ainsi avoir un petit rab de plants.
La graine était semée sous châssis dans un coin abrité du jardin. Quand les plants étaient prêts, le champ était quadrillé à l’aide d’un rayeur tiré à la main et les plants piqués à l’intersection du quadrillage pour faciliter le comptage des plants par le contrôleur.
Avant la récolte, la plantation demandait plusieurs binages manuels. La récolte se faisait feuille à feuille, au premier passage on récoltait trois feuilles : les basses (la meilleure qualité), puis deux fois deux médianes et enfin trois couronnes (feuilles assez grossières, très chargées en nicotine).
On récoltait le matin, l’après midi était consacré à l’enfilage et à la pente au séchoir. On se servait d’aiguilles d’une vingtaine de centimètres pour passer les feuilles sur une ficelle de 1.50 à 2 mètres. Les ficelles étaient pendues dans des greniers ou des granges. Après venait le temps du séchage, ce qui demandait beaucoup de surveillance : si le tabac séchait trop vite, il séchait vert et était de mauvaise qualité. S’il séchait trop doucement, il risquait de moisir et la récolte était fichue. Il fallait sans cesse jouer avec les ouvertures.
L’hiver venu, les feuilles étaient retirées des ficelles de séchage, triées par ordre de grandeur et de qualité, mises en paquets de 24, attachées avec la 25ème feuille (les manoques) puis conditionnées en bottes (toutes les feuilles étaient comptées).
La SEITA avait un magasin d’achat à Beaurepaire dans l’Isère et la vente durait deux jours.
Les producteurs affrétaient un camion pour la marchandise et un car pour eux mêmes. Ils passaient une nuit à l’hôtel et les repas étaient pris au restaurant. Si la récolte s’était bien vendu avec une bonne note (la côte 44, par exemple) c’était aussi l’occasion de faire la fête. C’était surtout la possibilité de ramener un peu d’argent pour le reste de l’année.
Cette pratique s’est maintenue jusque vers les années 60. Puis la production s’est modernisée, les machines à planter et à enfiler sont apparues et surtout les tracasseries bureaucratiques de la SEITA ont disparues.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Intéressant.

Brother-in-law 01

Anonyme a dit…

Il faudrait lancer un forum des anciens techniques agricoles. J'aime bien quand tu expliques les activités agricoles de jadis.
J'aurais beacoup a mettre. Le foin en vrac; la traction a cheval suivi par les tracteurs de 20cv; les cultures avant hybrides et herbicides; ect.

Tu le lance?

Brother- in-law 01

PS nous avons un oprintemps tres lent. Nous finissons les semis du maïs en ce moment.

Les élucubrations d'un vieux rouge a dit…

Hello James,
je viens de consulter Google, ce n'est pas si évident que ça de lancer un forum. Néanmoins si tu veux on peux échanger des articles et photos par email, je les publierai sur le blog et peut être que d'autres lecteurs nous donneront leurs avis et commentaires.
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