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lundi 9 mars 2009

Martinique : ALIKER


Aliker de Guy Deslauriers,

Écrit par Karole Gizolme

"Un journaliste ....." ... "Un quoi ?" manque de s'étrangler le béké usinier Aubéry en demandant qui a osé dénoncer une fraude fiscale qu'il a commise pour le compte de son usine sucrière du Lareinty au Lamentin en Martinique. Aliker sera assassiné, "suicidé" fera noter le procureur dans le procès verbal face à ce corps noyé, les mains ligotées dans le dos et le visage tuméfié. Les auteurs de ce meurtre perpétré un certain 11 janvier 1934 n'ont jamais été inquiétés. Seuls de nouveaux éléments pourraient ré ouvrir l'affaire. Guy Deslauriers et Patrick Chamoiseau nous livrent avec "Aliker" un film tout en tension réécrivant cet épisode qui a marqué la Martinique du début du siècle dernier et qui a façonné en partie nos sociétés d'aujourd'hui.
La distribution des rôles menée par l'homme de théâtre qu'est Jean-René Lemoigne a su trouver les acteurs justes pour ces rôles de composition. Patrick Chamoiseau qui signe le scénario a su donner de l'épaisseur et une forte charge émotionnelle à un événement reconstruit à partir de quelques archives, notamment le journal Justice (toujours en activité mais devenu journal militant) que dirigeait Aliker et des témoignages de personnages de l'époque, en particulier son frère Pierre, compagnon des 56 années d'Aimé Césaire à la mairie de Fort-de-France et qui aura toute sa vie porté en blanc le deuil de son frère assassiné.

Après "La rue cases Nègres" en 1983 d'Euzhan Palcy qui décrivait l'univers de la fin des plantations, Aliker dessine la naissance de Fort-de-France avec son centre ville mulâtre à l'époque de la naissance du parti communiste qui éveillera peu à peu les consciences des ouvriers des usines, des charbonnières, des servantes, des balayeuses. Aliker apparaît dans ce film comme un homme entier, imprudent, qui au péril de sa vie se lancera dans un combat à l'époque annoncé comme perdu d'avance dans un monde où "les forces capitalistes se soutiennent entre elles".

Dans le contexte de la crise financière actuelle, celui des menaces perpétrées contre tous ceux qui dénoncent la situation des ouvriers agricoles en République dominicaine et 11 ans après la disparition du journaliste Jean-Pascal Couraud à l' époque du gouvernement du Gaston Flosse en Polynésie, cet événement interroge encore nos consciences.

Le film aura coûté à la production 3 millions d'euro alors que son coût réel est estimé à 12 millions. De nombreux soutiens renouvelés notamment de la Région Martinique et de la Ville de Fort-de-France, des prix revus à la baisse, des souscriptions ont permis à ce film aujourd'hui de voir le jour.

Le Vieux Rouge : Normalement ce film devrait sortir en métropole en 2009, si les programmateurs le juge intéressant.... Lors de notre voyage en Martinique en 2007, nous nous sommes trouvés sur les lieu du tournage, sur le site de la distillerie St James à Ste Marie. Pour voir et écouter les interviews des protagonistes de ce film, cliquez sur le lien ci dessous :

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