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jeudi 25 octobre 2007

Martinique (suite)

Sur ce lien un entretien avec Juvénal Rémir, mon camarade le Président du CODEMA - MODEF de la Martinique que j'ai eu le plaisir de rencontrer au mois de mars sur sa plantation.
http://www.dailymotion.com/video/x1dydi_chlordecone-bondamanjak_sustainable_dev

Article parut dans "L'Exploitant Familial" après le passage de l'ouragan Dean aux antilles.

Dans la nuit du 17 août, l’ouragan Dean a touché l’île de la Martinique et de la Guadeloupe de plein fouet. En Martinique ce sont des vents soufflant à près de 200 km/h et des trombes d’eau qui ont totalement saccagé l’île aux fleurs. Les dégâts sont considérables, les infrastructures (routes, réseaux EDF et télécommunications) et l’adduction d’eau sont détruites. De nombreuses maisons sont inhabitables. L’agriculture martiniquaise et guadeloupéenne se retrouvent exsangues après le passage du cyclone.

Les bananeraies sont anéanties à 100%, il y a 70 % de pertes dans les plantations de canne à sucre et les cultures vivrières ont également énormément souffert. La banane est la principale richesse agricole notamment en Martinique et il faudra attendre 8 à 9 mois pour espérer une nouvelle récolte.

Aux Antilles françaises, dont la plus grande part de l’activité est accrochée à la filière agricole, la banane constitue le véritable moteur économique. « Elle occupe un tiers de la surface agricole », expliquait en décembre 2006 notre ami Georges Venkatapen, le secrétaire général du Codema Modef (Comité de défense des métiers agricoles, affilié au Modef), « et représente 62 % de la valeur de la production agricole ». Mais surtout, la banane constitue un indispensable poumon économique pour un territoire comme la Martinique, dont l’approvisionnement dépend étroitement des importations. Y compris sur le plan alimentaire, puisque la production vivrière locale couvre tout juste un cinquième de la consommation. Or sans la banane, culture d’exportation, les bateaux qui approvisionnent l’île repartiraient le plus souvent à vide : le coût du fret exploserait, et avec lui le coût de la vie. Autre réaction en chaîne : la banane est une production de main d’œuvre ; et sans les 14 000 emplois directs et indirects qu’elle génère, la Martinique et la Guadeloupe auraient vite fait de se trouver livrées à la misère qui ravage déjà de nombreuses îles antillaises.

Mévente et prix cassés sont aussi le lot permanent des producteurs antillais, victimes du racket de la grande distribution qui privilégie les importations de bananes industrielles des grandes multinationales d’Afrique, d’Amérique centrale et du sud à des prix de dumping. Nous nous souvenons des interventions de nos amis martiniquais Juvénal Rémir et Georges Venkatapen évoquant ces problèmes au congrès du Modef.

Au mois de mars dernier, au cours d’un séjour en Martinique, j’ai eu l’occasion de visiter la plantation de Juvénal Rémir à Basse Pointe . J’ai pu constater combien l’exploitation d’une bananeraie est un travail difficile qui demande de gros investissements. Il y a la chaleur, il faut sortir les lourds régimes (de 25 à 30 kg) à dos d’homme jusqu’aux traces dans des pentes très escarpées, puis les laver, trier et emballer dans des hangars à bananes dans une humidité permanente. La banane se récolte sans discontinuer toute l’année. Les journées d’un planteur commencent à 4 heures du matin et se terminent au coucher du soleil, on est loin des images de vacances (plages et cocotiers) des dépliants d’agences de voyage.

Les pertes des agriculteurs antillais sont estimées à un minimum de 115 millions d’euros, sans parler des dégâts considérables aux infrastructures vitales, aux autres activités et aux habitations. Le Modef assure tous les producteurs martiniquais et guadeloupéens et plus largement tous les sinistrés de son soutien le plus total et lance un appel pressant à la solidarité nationale la plus large, que ce soit par rapport aux besoins immédiats, mais aussi à ceux de la reconstruction à court et moyen terme. Les besoins des planteurs de banane et de canne à sucre, des producteurs vivriers ne sont pas des moindres loin de là, que ce soit pour compenser les pertes de production, mais aussi pour redémarrer le plus rapidement possible dans de bonnes conditions.

Le secrétaire d’Etat aux départements d’outre mer a promis une aide aux sinistrés, notamment agricoles. Espérons que cela ne restera pas au stade des promesses. L’exemple du cyclone Gamède qui a ravagé en février dernier l’Ile de la Réunion, et dont 6 mois plus tard les paysans sinistrés attendent toujours les aides promises par l’Etat, est à ce titre plus qu’inquiétant.

Georges Reynaud, secrétaire national du Modef

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