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jeudi 18 octobre 2007

Rétroviseur : La batteuse


Sur cette photo, on voit une machine à vapeur entraînant la batteuse. Les anciens du village pensent que cette photo a été prise pendant la guerre. La pénurie de carburant avait contraint l’entrepreneur de battage de ressortir son ancienne machine à vapeur. J’ai connu le battage à l’aire, la dernière campagne avant la récolte à la moissonneuse-batteuse s’est déroulé en 1963 ou 64.

Pour tous les gamins de mon age, l’arrivée de la batteuse à la ferme était un évènement très attendu. Dès le matin le batendier et ses aides (les machinaïres) alignaient et calaient la presse, la batteuse et le tracteur, tout cela à l’aide d’un impressionnant cric en bois. Il fallait tendre les courroies en cuir, qui de la poulie du tracteur entraînaient la batteuse et la presse. Alors le battage pouvait commencer : des paysans montaient sur la gerbière et envoyaient les gerbes à l’engreneur qui les introduisait dans la gueule de la machine. Les plus jeunes et les plus costaux pesaient et portaient les sacs. Les sacs étaient tarés à 100 kg (une balle), chargés à dos d’homme, puis montés dans les greniers. Les autres postes étaient moins physiques, c’était la presse à ballot lié au fil de fer. Mon premier travail à la batteuse était de lier les fils de fer : ça n’était pas pénible, mais on était continuellement à la poussière. Les années suivantes je portais les ballots de paille de la sortie de la presse à la paillère. Les ballots de 25 à 30 kg étaient portés sur le dos, on avait des capuchons faits avec des sacs de jute et un crochet en fer.

Si pour nous les gamins, la batteuse était une fête, pour les adultes c’était une sacrée corvée. Mon père suivait la batteuse pendant 15 jours à trois semaines. Les femmes devaient préparer trois repas par jour et ça n’était pas de l’allégé !!! L’ambiance du dernier repas du soir était toujours chaude : le vin, le pastis et la gnole avaient circulé sans restriction tout au long de la journée. C’était la grosse rigolade, parfois quelque bagarre, mais c’était assez rare. C’était une façon d’oublier la pénibilité du travail et que le lendemain dès l’aube il faudrait recommencer.

(A suivre)

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