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samedi 15 décembre 2007

Rétroviseur : Les boeufs


Mon excellent camarade, Jean Michel, m’a appris que l’association de sauvegarde du patrimoine de St Donat préparait une exposition pour la foire des bœufs gras dont le thème serait le bœuf.
Dans mon enfance, le bœuf, ou plutôt les bœufs faisaient partie de mon univers. Mon père a vendu sa dernière paire de bœufs en 1964. Il achetait des jeunes bêtes à peine dressées, il les gardait 3 ou 4 ans pour le travail et les engraissait pour la boucherie.
A chaque transaction, c’était des journées de palabres avec le maquignon, mais quand le marché était conclu, on se tapait dans la main et très souvent le maquignon restait pour souper car la nuit était déjà très avancée.
Contrairement au cheval plus vif et nerveux, les bœufs travaillaient en douceur et puissance : la force tranquille avant l’heure. Il y avait des périodes assez dures pour les attelages, les semailles, les moissons et les foins.
Pour les semailles le travail pouvait durer un mois de temps. Il fallait labourer au brabant ou à l’araire (la seluire en patois), herser (avec la repeille) semer et herser à nouveau.
Pour les foins et les moissons, il fallait atteler avant jour, car vers 10 ou 11 heures, les bêtes avaient trop chaud, on devait les rentrer. On réattelait après 5 heures de l’après midi jusqu’au crépuscule.
Gamin, entre 12 et 14 ans, on nous embauchait pour conduire les bœufs, il fallait marcher devant pour les guider pour les travaux délicats comme le buttage des asperges ou le binage du tabac ou des betteraves. Il fallait faire très attention afin que les bêtes ne piétinent pas les jeunes pousses. Plus tard on nous apprenait à atteler et à tenir la charrue ou la bineuse. Il y avait des règles à respecter pour atteler. On devait toujours commencer par la même bête, celle qui supportait le joug. Il fallait ensuite fixer le joug aux cornes de l’animal à l’aide de sangles de cuir et faire très attention quant il y avait des mouches ou des taons : pour se débarrasser des insectes le bœuf pouvait donner un coup de tête et envoyer la lourde pièce de bois dans la figure du préposé à l’attelage.
Chaque bête avait un nom qui servait aux manœuvres (tourner, avancer ou reculer)
Les éleveurs de bœufs de trait ne faisaient pas beaucoup d’effort d’imagination pour baptiser leurs bêtes : c’était invariablement « Froment et Rouget » ou « Joli et Gaillard »
qui ressortait, plus rarement « Bouchard et Grillou ».
Puis dans les années 60, la mécanisation se généralisa et on ne vit plus d’attelage que chez quelques nostalgiques d’un passé définitivement révolu.

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